Il fallait d’abord retrouver des sachets cachés dans leur cour, remplis de paille, écorces, feuilles mortes, papier, carton, bois sec et humide et allume-feu. Puis décider en groupe de ce qui est le plus facile à allumer et ce qui brûle le plus longtemps. Et pour finir, le vérifier par l’expérience. Une vraie démarche scientifique en même temps que sensorielle. Leur enseignante, Adèle Simonin, a facilement pu faire le lien avec la préhistoire, thématique qui sera approfondie par la suite en classe.
En l’espace de deux périodes dans leur cour d’école, ces élèves ont bénéficié de tous les avantages à apprendre dehors, par leurs sens, en mouvement, basé sur l’expérience, dans l’échange, en communiquant, en lien avec la réalité et en abordant différentes disciplines (langage, histoire, sciences), pour revenir détendus et joyeux en classe.
Une autre forme d’enseignement
Cette forme d’enseignement a été rendue possible grâce à la directrice de l’établissement primaire de Gland, Bettina Thuillard. L’offre de «l’école à ciel ouvert» avait commencé pour des enfants qui avaient des troubles d’apprentissage ou de comportement. Les sorties leur permettaient de se ressourcer pour mieux pouvoir se concentrer en classe. Les enseignant·es en profitaient pour les observer dans un autre contexte afin de mieux analyser leurs besoins.
En voyant les bénéfices, Mme Thuillard a souhaité élargir l’offre à tous les enfants de l’école, en soutien au travail des enseignant·es et leurs défis du quotidien. Depuis 2022, Christophe Widmer, un enseignant très motivé par l’école en plein air, sort sur demande deux périodes par semaine avec les élèves d’un·e collègue, avec qui ils préparent la leçon au préalable. Cette aide est bien sollicitée.
Une vision d’avenir
La direction souhaiterait que les enseignant·es sortent de plus en plus régulièrement avec leur classe. Or l’école des Perrerets est installée à côté de l’autoroute, loin du lac et de la forêt. Bettina Thuillard a donc initié la construction d’un éco-lieu sur une parcelle attenante à l’école. Il disposera d’un jardin en permaculture, d’arbres fruitiers, d’un canapé forestier et surtout d’espace pour expérimenter, s’émerveiller et apprendre à coopérer. Christophe y tient tout particulièrement: il aimerait profiter de l’extérieur pour éliminer toute concurrence entre les enfants et leur apprendre la collaboration, à l’aide de diverses activités. Un groupe de travail s’est d’ailleurs mis à tester des interventions et des séquences pédagogiques coopératives avec leurs classes. Il semble que ce n’est pas toujours évident.
Pour les enseignant·es il est parfois difficile d’accepter que leurs propositions ne fonctionnent pas à chaque fois. A leur tour d’être confronté·es à l’apprentissage, qui passe parfois par l’erreur ainsi qu’une transformation positive de cette dernière.
Cet article est d’abord paru dans la revue «Educateur» no. 6, juin 2023.
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